CFMD 2013 (suite)

Suite à l’initiative de notre webmaster qui a stimulé la meute, quelques relayeurs ont relaté, et avec quel brio, certains de leurs ébats.
Au relais, je n’y étais pas, mais,  puisque Jérôme m’a en quelque sorte mis sur la sellette, ce sera par des cheminements détournés, et peut-être insolites,  que je contribue  au « maxi reportage ».

CFMD 2013 : histoire d’ombres.

C’est indéniable : nous sommes entrés dans un monde virtuel dominé par des techniques de toutes sortes avec lesquelles il nous faut bien composer si l’on ne veut pas être aussitôt largué…irrémédiablement
Le « terre à terre » a cessé d’être à la mode ; de plus en plus, nous voilà assistés par ceci, orientés vers cela, etc. etc.…
C’est sans doute pourquoi, inconsciemment, pour ce CFMD 2013, lorgné dès sa parution sur le calendrier FFCO, j’avais demandé à ce que j’appelle « mon ombre » de m’épauler pour le préparer… Il me tenait tant à cœur,  ce CF, une MD étant par nature considérée comme « technique »…!

 

Dès les premières courses de l’année, réalisées en dents de scie, où expérimentations sur expérimentations se succédaient, pas souvent heureuses, d’ailleurs, j’accumulais un drôle de fatras plus ou moins disparate d’où émergeait une certitude : « Reste sur les fondamentaux » serinait sans cesse « mon ombre ». Et c’est avec cette consigne ultra simple, voire simpliste, qu’en ce 25 Mai 2013, je dirigeais mes pénates vers Poitiers.

  •     « Pas un peu fou de faire tant de bornes pour n’aller courir qu’une quarantaine de minutes ? »
  •     « Hé là, doucement ! J’ai vraiment envie de la faire cette course ! Va savoir pourquoi… »
  •     « Bonjour la galère, ce sera du gâteau*, pour sûr ! »

Et c’est parti : routes et autoroute fastidieuses qui n’en finissaient pas ;  monotonie des paysages émollients, la plupart archi connus ; radars partout,  tapis  dans d’ombreux recoins ; aires de repos sans espoir de repos (qu’est-ce que çà s’agite là-dedans !). Heureusement, de loin en loin, égayant la grisaille ambiante, des théories d’éoliennes, de par la nonchalance de leurs grands bras en perpétuel mouvement, m’incitaient à persévérer,  (« Garde cette image à l’esprit ; la clé de tout, c’est çà, aller de l’avant, encore et toujours plus, inlassablement »,   entendais-je en aparté).

 

Poitiers, enfin ! Reste à dégotter Bonneuil-Matours : c’est quelque part vers l’est, d’après la carte Michelin sise à mes côtés. En profiter pour une mise en condition, en mémorisant et anticipant l’itinéraire pour s’y rendre ; retenir le n° des routes ; estimer les distances de tel endroit à tel autre ; tourner ici ; aller tout droit là… « OK, çà marche ! » susurrait parfois mon copilote virtuel.

 

Par des routes étroites, des chemins vicinaux plus ou moins bien empierrés, gorgés de flaques d’eau et bordés de boue gluante, le site des futurs ébats, soudain, m’est apparu . Ouf !  J’y suis, mais j’aurai juste le temps de me préparer, sacrebleu : départ à 13h10 ! Que nenni ! « C’est plus loin, le parking ! » m’annonce, la trogne épanouie, un quidam de service. Et c’est reparti pour 800 mètres supplémentaires, sur un chemin fangeux, chaotique et glissant à la fois, vers une prairie bien apprêtée pour l’occasion,  où l’herbe fraîchement tondue camouflait de bien traîtresses ornières … « Attention, fiston, pense à la sortie, on ne dort pas là ce soir, et tu n’es pas venu en 4X4 … »

 

A pied d’œuvre donc ! Il est bientôt midi ! Sortie de je ne sais où, une silhouette familière  surgit à mes côtés: Patxi ! Homme de l’ombre, discret, efficace et présent là où il faut ! Pyrénéen à l’œil d’aigle, il m’avait déjà repéré pour m’indiquer la marche à suivre quant à la perception du dossard, alors que pour ma part, je ne voyais partout que d’anonymes ombres mouvantes ! De bonne augure, tout çà ?

 

Vite, mettre en branle mon sempiternel rituel : tenue (bandeau, contrôle des laçages, ceinture « trekking » avec épingles, boussole de rechange et mouchoirs en papier) ; grignoter, mais pas trop ; ultimes vérifications (boussole et « puce » bien amarrées, porte définitions en place, réglette d’évaluation des distances au poignet, montre GPS opérationnelle) ; ne pas oublier de boire (je n’emporte pas d’eau, c’est une MD et puis, ce temps,  c’est tout,  sauf de la canicule ! Brrr).

 

En route vers l’accueil et la zone départ : j’essaie, tout doucement, de m’imprégner de l’environnement. Fichtre, quelle gadoue ! Faudra éviter les bas-fonds ! Le long de l’itinéraire jalonné, censé nous amener vers le box départ, j’observe tout ce que je peux : les arbres (des chênes, des hêtres, des pins aussi et bien d’autres essences), les buissons  (des houx, des ronces, et de la fougère mais pas trop haute), les fossés (bien profonds, je trouve ; ils seront donc visibles) ; quelques rochers épars ;  etc. etc. J’estime le sous-bois  bien pénétrable avec, quand même, des zones d’ombre difficilement identifiables, de loin. « Tu n’auras qu’à rester vigilant ». Simple à dire…

 

Et voilà que la pluie s’invite à la fête ! Je débouche sur une route et tout au bout je discerne l’agglutinat des premiers (premières plutôt) à partir. En sus de la marche d’approche, j’avais prévu une dizaine de minutes d’échauffement : un chemin balisé spécialement aménagé à cette fin m’invite à m’y élancer… Ce que je fais, sur 20 mètres mais, bien vite, rebrousse chemin tant il est gorgé d’eau ; pas envie de me noyer…
Préliminaires dans le sas …13h10...  le top départ !
Ce que fut ma course, peut-être un jour le raconterais-je…
Ce qui est certain, c’est que 34 minutes et 32 secondes plus tard, je pointais au boîtier arrivée et restais éberlué en constatant qu’au verso de la carte que je glissais dans le sac « 4012AQ » une magnifique loupe au 1/5000 me narguait, alors que tout au long de mon périple je m’étais acharné à distinguer, bien péniblement, de minuscules détails enchevêtrés les uns aux autres, sur un document cartographié  au 1/10000 !
On a toujours quelque chose à apprendre…
Interminable attente, résultats enfin affichés, objectif atteint : le titre national !
Félicitations de Fred du NORD, enchéries par Rémy du CACC…


Un « au revoir » à tout le monde, des souhaits fervents pour le lendemain (CFC, objectif majeur du Club pour cette année ! Odyssée qui sera vraisemblablement relatée par les participants…) et il me faut songer au retour…

 

C’est par la 910, bien plus bucolique  que l’A10, que je vais rentrer et, comme toujours, je revivrai ma course en essayant de cerner les phases où j’aurais pu et du perdre moins de temps.
Ce que j’ai fait, si quelqu’un d’autre l’avait fait, je l’aurais trouvé très bien. Mais, perfectionniste à outrance, je suis convaincu que les 30 minutes  programmées étaient dans mes cordes.
Quoi qu’il en soit, comme André Dussolier, lors de la fameuse « chasse aux escargots » dans « Les enfants du marais » (poitevin ?), je pouvais m’exclamer :
« Quelle aventure ! Je suis bien content d’être venu ! »
 En écho, dans l’ombre, un murmure : « Allez hombre ! Roule, il te reste pas mal de chemin à parcourir, encore ! »


Comme quoi, rien n’est jamais fini !
JPG

*gâteau : demander aux jeunes de l’école et à Patrick de quoi il retourne…

    

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Commentaires: 4
  • #1

    Pierre D (jeudi, 20 juin 2013 22:59)

    bravo pour ta course et ta prose.
    on s'y croirait

  • #2

    Jerome (vendredi, 21 juin 2013 22:11)

    Excellent ce résumé. Il faut vraiment penser à tout pour mériter un titre!!! Et avoir les nerfs solides. Bravo JP

  • #3

    Daniel (vendredi, 21 juin 2013 22:55)

    Quel poète ce JP, le ninja Brossien, le Mentalist de la CO, qui évite les radars et qui fonce en forêt (j'en connais au moins un qui devrait prendre de la graine…), l'œil, l'expérience et la sagesse, qui conclut et qui dit tout sauf ses choix durant 34 minutes et quelques secondes. Un vrai champion !
    Bravo JP, bravo ! Se confiera t'il ?

  • #4

    JPG (dimanche, 14 juillet 2013 17:47)

    D'accord Daniel! Ta suggestion, réitérée le week-end dernier à Lit-et Mixe, sera exaucée! Et même si c'est presque 2 mois après l'évènement, j'espère n'avoir pas trop oublié ce qui c'est passé, pour en extirper les faits marquants. Un peu de patience et je m'y attelle.